• 21 novembre 2024 06:32

JO 2024 : la légende cubaine de la lutte Mijain Lopez dans l’histoire avec un 5e titre olympique

Août 6, 2024

PARIS 2024. À 41 ans, le lutteur cubain a réussi son défi hors du commun : décrocher une 5e médaille d’or individuelle dans une 5e olympiade.

Il l’a fait. Paris 2024 a vu naître un champion incontestable de l’olympisme. Mijain Lopez a remporté sa cinquième médaille d’or individuelle en cinq olympiades. Pour ce faire, le Cubain a terrassé le Chilien Yamani Acostaen en finale des 130 kg 6 à 0.

Quelques jours plus tôt, à l’Arena Champ-de-Mars, les tatamis des judokas avaient laissé leur place aux tapis des lutteurs. Sous l’œil de la statue du maréchal Joffre, les stars, elles, se succèdent. Samedi soir, on avait quitté Teddy Riner, entré au panthéon de son sport, et l’équipe de France mixte de judo sur une incroyable médaille d’or.

Lundi 5 août, il avait fait son entrée dans l’Olympe. À 41 ans (il en aura 42 le 20 août), le lutteur de la province de Pinar del Rio s’était avancé pour un dernier tour de piste. Les Jeux olympiques, il y a participé pour la première fois à Athènes, à l’été 2004. Il avait 21 ans et il avait terminé 5e du tournoi – il avait perdu en quart de finale face au Russe Khasan Baroyev, futur champion olympique.

Quatre ans plus tard, il rentre de Pékin avec une première médaille d’or. Ce qu’il fait ensuite à Londres en 2012, à Rio en 2016 (mais la catégorie fut transformée en 130 kg) et enfin à Tokyo en 2021.

« Je vais le faire »

Pour ce premier tour du tournoi des 130 kg aux Jeux olympiques de Paris 2024, Mijain Lopez a affronté le Coréen Seungchan Lee, 29 ans, qui participe, lui, à ses premiers JO. « Je vais le faire », a-t-il assuré dans un entretien à l’AFP en mars dernier. Chaussures noires, chaussettes blanches relevées, il force une première fois son adversaire à démarrer au sol – un signe de la passivité du Coréen. Mijain Lopez fait alors parler la puissance de ses bras pour le retourner complètement. Dans la deuxième partie du combat – un combat dure 2 x 3 minutes –, le Coréen est une nouvelle fois poussé au sol par passivité. Le Cubain s’impose assez facilement lors de ce premier tour (7-0).

En quart de finale, il se retrouvait face à l’Iranien Amin Mirzazadeh (26 ans). Après une première partie de combat à sens unique, Mijain Lopez temporaisait dans la seconde partie et l’emportait finalement (3-1) pour se qualifier pour la demi-finale face au lutteur d’Azebaïdjan Sabah Shariati. Une demi-finale là encore remportée par Lopez (4-1).

Depuis 2008, c’est lui qui soulève le drapeau cubain lors de la cérémonie d’ouverture. Pas à Paris, où il a choisi de ménager ses forces.

Mijain Lopez pratique la lutte gréco-romaine, dans la catégorie des + 120 kg. Au même titre que le marathon et que certaines épreuves d’athlétisme, cette pratique incarne à proprement parler l’esprit olympique par son ancienneté. Elle diffère de la lutte libre dans le sens où Mijain Lopez, pour retourner son adversaire sur le dos, les deux épaules sur le sol ou le sortir du tapis de lutte, il ne peut utiliser que ses mains et seules les prises au-dessus de la ceinture sont acceptées.

Le Cubain est né le 20 août 1982 au début du règne présidentiel de Fidel Castro. Comme beaucoup de petits garçons de son âge, il est fan des compétitions de baseball et de boxe (que son frère Michel pratique), deux sports très populaires dans l’État insulaire des Caraïbes.

Il grandit bercé par les exploits olympiques de l’immense star nationale de l’époque, le boxeur Teofilo Stevenson, triple médaillé olympique des poids lourds de 1972 à 1980. Celui-là même qui refuse un million de dollars pour combattre Mohamed Ali, car, après tout : « Qu’est-ce qu’un million de dollars face à l’amour de huit millions de Cubains ? »

« Petit costaud »

À l’adolescence, Mijain Lopez se rend rapidement compte qu’il n’a pas l’agilité nécessaire pour le baseball ou le noble art. Son gabarit (il mesure actuellement 1,98 m pour 131,5 kg) convient bien mieux à la lutte. À Herradura, sa ville natale, on le surnomme vite « Petit costaud » puis « le Géant ».

En 2002, il participe à ses premiers championnats du monde, où il se classe 13e dans la catégorie + 120 kg. Mais il enchaîne rapidement les titres mondiaux en 2005, 2007, 2009 et 2010. Aux micros qui se tendent devant lui après chaque succès, il répète comme un mantra à Cuba : « Tout ce que vous voulez atteindre dans la vie ne dépend que de votre travail. » D’ailleurs, chez lui, les médailles sont accrochées au mur, sous un portrait de l’ancien président Fidel Castro, mort en 2016. Lundi, la présidence cubaine n’a pas hésité à lui apporter son soutien sur les réseaux sociaux.

Avec quatre titres olympiques en quatre olympiades différentes, Lopez avait égalé la performance d’une autre lutteuse, la Japonaise Kaori Ichō (victorieuse en 2004, 2008, 2012 et 2016). Avec une cinquième médaille, il faut ouvrir les livres d’histoire du sport olympique.

Deux femmes ont à ce jour remporté 5 médailles d’or lors de cinq olympiades différentes. Il s’agit des basketteuses américaines Sue Bird et Diana Taurasi (qui concourt cette olympiade pour une sixième médaille). Mais il s’agit là de sports collectifs. On aurait pu tout aussi bien citer les Hongrois Aladar Gerevich en sabre par équipes (1932, 1936, 1948, 1952, 1956, 1960) ou son compatriote et équipier Pal Kovacs en sabre par équipe (1936, 1948, 1952, 1960). Mais là encore, il s’agissait de médailles par équipes.

Mijain Lopez, lui, fait face seul à son adversaire, sur le tapis de lutte. Mais il peut compter, à ne pas douter, sur plus de 11 millions de Cubains derrière lui à chacun de ses combats.


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